Rythmes scolaires : le gouvernement appelle sa majorité à la rescousse.

Drôle de courrier reçu dans les mairies de France de la part des députés et sénateurs : réforme des rythmes scolaires

Voilà à quoi conduit une réforme mal menée, comme le reste. Envoyer au « casse-pipe » des élus qui valent mieux que ce qu’on leur fait écrire…

Voici ma réponse à ce texte :

Mesdames, Messieurs,

 

Je reçois ce matin à la mairie votre appel collectif en faveur de la réforme des rythmes scolaires. Je comprends et je respecte la mission de « service après-vente » qui est la vôtre par ce courrier rédigé in-extremis face aux difficultés que rencontre l’adoption de la réforme des rythmes scolaires. Je présenterai au prochain conseil municipal ce courrier.

Je n’accepte pas cependant en tant qu’élu local l’argument développé dans le paragraphe sur le « mauvais signal » et celui qui le suit. Sous-entendre que le « renvoi à plus tard » ne pourrait relever que de visions bassement « matérialistes », « pécuniaires » et même « corporatistes » est la négation
même du débat démocratique qui devrait nous animer collectivement.
Personnellement, je le trouve blessant, pour ne pas dire insultant, d’autant qu’il est exprimé par d’autres représentants du Peuple.

Permettez-moi donc, afin que nous nous trouvions à égalité en la matière, de vous dire que je ne peux pas imaginer que, pour des motifs électoralistes, de report de la dépense publique sur les autres, ou de difficultés récurrentes de la majorité présidentielle, du PS notamment (où est la signature d’André Chassaigne ?) vous soyez prêts à dire « on sait ce qui est bon pour vous et on souhaite vous le faire payer maintenant, car après les municipales, nous serons dans l’impossibilité de le faire ».

Je pourrais citer, histoire de finir la partie « virile » de ce courrier, François Bayrou : « Certes, je n’aime pas le PS d’appareil, le PS sectaire. Et Dieu sait qu’il existe, qu’il roule des mécaniques. Je le trouve effarant, dans son contentement de lui-même, dans sa certitude d’avoir raison moralement, dans un mélange de privilèges amassés et de bonne conscience étalée, certain d’être fondé à utiliser tous les moyens, même les pires, pour
le triomphe de sa « bonne » cause. A droite, on partage parfois le même cynisme, la même certitude que la fin justifie les moyens, mais au
moins la bonne conscience en bandoulière nous est-elle épargnée.

Un tel agacement, je le ressens surtout quand ils se trouvent en
groupe, en section, en meute. Individuellement, au contraire, ils sont comme
nous sommes, avec le poids du passé, de la famille, le souvenir de l’origine. […]
Je revendique cette empathie, même avec des gens qui ne votent pas
naturellement pour moi. Une des meilleures définitions du centre, au fonds, c’est qu’on n’est pas obligé de détester ses adversaires.
 » (F. BAYROU,

2012, Etat d’urgence, p. 35-36). Il est vrai que le deuxième tour de l’élection
présidentielle n’avait pas encore eu lieu.

Ceci étant dit, et maintenant que nous sommes quittes, voici quelques informations concernant la commune de Marsac-en-Livradois : le jour même où j’apprenais qu’une classe devait fermer dans l’école publique de Marsac, j’ai renoncé à faire délibérer le conseil sur la réforme des rythmes scolaires, je savais quel serait le résultat et je pensais que cela interdirait le légitime débat sur la question.

Pourtant, personnellement, je suis fort mécontent quant au double langage du Président de la République et du gouvernement, entendu de vive voix  : comment annoncer à Paris, à l’occasion du Congrès de l’AMF qu’aucune charge supplémentaire ne serait imposée aux collectivités et quelques semaines après, adresser à une commune comme celle de
Marsac-en-Livradois, une facture de l’ordre de 20 000 €, en calculant au
plus juste ; ceci le jour même où la presse annonce une nouvelle réduction
des dotations aux collectivités ?

J’ai décidé de mettre ceci dans ma poche pour laisser s’établir un véritable débat local autour de l’intérêt des élèves, ce qui est le cas actuellement.

Aux dernières nouvelles, le gouvernement, face à la multiplication des demandes de reports, jusque et y compris dans le Puy-de-Dôme, malgré le lobbying sur le terrain des élus locaux PS semble avoir trouvé une porte de sortie élégante : les TAP ne seraient plus obligatoires et donc, la charge serait réduite d’autant pour les communes.
J’attire votre attention, cependant sur le fait que, pour ce qui concerne Marsac, ce sont 2/3 des enfants que les parents (une enquête vient d’être réalisée) ne pourront pas venir chercher à 15 h 45 ou à 16 h : ils resteront donc ¾ heure ou ½ heure de plus à la garderie communale.

Un nouveau conseil d’école sera prochainement convoqué, en espérant que les décrets complémentaires seront publiés ; il sera suivi d’un conseil municipal qui décidera de la suite donnée à cette question. Quel que soit son choix, je peux vous assurer qu’il sera guidé par l’attachement à l’Ecole et à l’avenir de nos enfants. Je ne manquerai pas de vous en tenir informés, espérant que votre courrier n’aura pas l’effet contraire à celui espéré par vous.

Je vous prie de croire, Mesdames, Messieurs, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs.

Michel SAUVADE

Maire de
Marsac-en-Livradois

À propos de Michel SAUVADE

Maire de Marsac en Livradois depuis 2008 Président de la communauté de communes Livradois, Porte d'Auvergne Membre du bureau politique du MoDem 63
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